Nazca
La civilisation Nazca (ou Nasca) est une culture pré-incaïque du Sud du Pérou qui se développa entre 300 av. J.-C. et 800 après J .C. Il faut noter que le nom "Nazca" est dérivé du nom contemporain de la région où existait cette civilisation, le nom que ce peuple se donnait est perdu. La culture Nazca s’est développée à partir de la culture Paracas qui date de l’époque antérieure appelée période Chavin ou Horizon ancien.
La zone d’influence nazca s’étendait de la côte du Pacifique jusqu’à Ayacucho à l’est dans les Andes, et de Pisco à Arequipa du nord au sud. Les Nazcas vivaient de l’agriculture intensive qu’ils pratiquaient dans les étroites vallées des affluents du Rio Grande de Nazca ainsi que dans la vallée d’Ica, Ils avaient fortement développé l’irrigation pour pallier le manque d’eau chronique dans cette région aride en construisant des puits profonds de plusieurs mètres reliés par un réseau d’aqueducs souterrains. Ces aqueducs sont encore utilisés de nos jours.
l'arbre
Le site central était Cahuachi (durant les cinq premiers siècles de l'ère chrétienne), à 6 km de la ville actuelle de Nazca. C’était un centre exclusivement cérémoniel (les fouilles n'ont révélé aucune trace d'activité de vie quotidienne) qui comprenait plus de quarante buttes pyramidales surmontées de structures en adobe. La plus grande de ces pyramides comportait six terrasses superposées dépassant 20 m de hauteur.
Les Nazcas pratiquaient la déformation crânienne. On faisait porter un déformateur en cuir aux nouveaux-nés, pendant un an, ce qui contraignait la croissance du crâne vers le haut. Le but était vraisemblablement esthétique. Après environ six siècles d'existence, la civilisation Nazca décline brutalement vers 350. L'explication semble être une perte de foi due à la conjonction entre une inondation plus catastrophique que les autres (elles étaient fréquentes) et un séisme. Ces évènements auraient provoqués une perte de confiance des Nazcas en leurs dieux et donc, en leurs prêtres.
Il est toutefois frappant de constater que le peuple Nazca, avant de quitter Cahuachi, a pris la peine d'enfouir rituellement la cité avec beaucoup de soin, en enveloppant d'abord tous les batiments dans une couche d'argile. C'est pour cette raison que les ruines de Cahuachi sont aujourd'hui aussi bien conservées, malgré les pillards. On trouve encore trace de la civilisation Nazca pendant quelques siècles après ces évènements, avant qu'ils ne soient assimilés par la culture Huari.
Les Géoglyphes
Découverts en 1926 au Pérou, les géoglyphes de Nazca sont de grandes figures tracées sur le sol, souvent figuratives, parfois longues de plusieurs kilomètres qui se trouvent dans le désert. C'est au cours d'un vol qu'un pilote péruvien, survolant la région, découvre avec étonnement les premiers tracés au sol. Dès 1939, soit plus de mille ans après la disparition des indiens Nazcas, l'archéologue Paul Kosok s'intéresse à la découverte du site et se rend sur place. C'est Maria Reiche (1903-1998), mathématicienne et astronome allemande, qui s'investira le plus sur les recherches archéologiques de Nazca. C'est à elle que nous devons la conservation du Site ainsi que les communications scientifiques qui interrogèrent le monde de la science et celui du grand public.
Le site de Nazca
Situé sur un plateau et couvrant une superficie de plus de 500 km², le plateau de Nazca est recouvert d'une multitude de tracés de plusieurs types. Ce qui impressionne à Nazca, c’est la taille de ces tracés, qui ne sont perceptibles que lorsque l'on survole le site, en avion ou en ballon. L'araignée représentée au sol atteint plus de 50 mètres. Le fameux colibri de Nazca, lui, atteint plus de 100 mètres de long et autant de large !
l'araignée et le colibri
Imprimés sur la surface du plateau, les dessins franchissent les ravins, escaladent les collines sans que leur forme ni la rectitude apparente des lignes n’en soient affectées. Ces tracés représentent entre autres les divinités animales du panthéon religieux des Nazcas. On a dénombré plus de 350 de ces dessins, qui représentent soit des formes géométriques, comme des lignes droites ou des spirales, soit des animaux du panthéon nazca.
plan du plateau de Nazca (cliquez pour zoomer)
Le microclimat permet la conservation des lignes : - le plateau est l'une des régions les plus sèches du monde (30 mm de pluie par an) ; - le sol sans végétation réchauffe fortement l'air, ce qui crée un coussin d'air qui, à son tour, protège les géoglyphes du vent ; - le gypse contenu dans le sol «colle» le sable et la poussière. Comment ces dessins ont-ils été réalisés ?
le condor
Les indiens Nazcas réalisèrent ses figurent en dégageant le sol aux endroits où étaient tracés les lignes constituants les figures. D'après l'archéologue Giuseppe Orefici, les géoglyphes sont dessinés en grattant le sol, dégageant le sol clair des roches sombres.
au sol
L’aviation n’ayant pris naissance qu’au début du XXeme siècle, cela élimine de fait l'hypothèse de l'utilisation par les Nazcas d'un tel outil! Toutefois, plusieurs scientifiques ont émis l'hypothèse que les Indiens Nazcas aient pu se servir de ballons à air chaud. Plusieurs traces archéologiques de foyers importants peuvent permettrent de pencher vers cette hypothèse. Hélas, ce n'est qu'une hypothèse, car aucun autre fait archéologique ne permet de l’étayer avec certitude. Pourquoi ces dessins ont-ils été réalisés ?
le chien
*°*°* Théories archéologiques *°*°*
*~* Un calendrier astronomique *~*
Paul KOSOK fut le premier à remarquer que certains tracés s'alignaient avec le soleil couchant, notamment aux périodes de solstice, ce qui l'incita à penser que les lignes de Nazca servaient à repérer les saisons. A partir de là, les autres lignes auraient été tracées afin de pouvoir fixer d'autres dates, créant ainsi un gigantesque calendrier. La représentation d'animaux serait alors un zodiaque géant et les figures géométriques (bandes et trapèzes) des éléments de visée astronomique.
les mains
Maria REICHE, lors de ses recherches, va révéler de nouveaux dessins et tenter d'établir un modèle de mesure. À la recherche de l'unité de mesure, elle remarque la répétition de la longueur de 26m. Sa suggestion est alors de suggérer 1,30m comme unité de base. Cela correspond à la largeur de diverses lignes et rayons et à la mesure d'écartement des bras d'un homme, de la pointe du majeur à l'autre. L'hypothèse de Maria Reiche reprend le principe du calendrier astronomique. Des dates précises ont ainsi été mises en évidence sur la plaine de Nazca, comme le lever et le coucher du soleil lors des solstices (22 juin et 22 décembre) et des équinoxes (22 mars et 22 septembre). Ces dates semblent donc fixer un calendrier sur lequel apparaissent des périodes intermédiaires comme la date du 6 mai marquant le début de la récolte dans cette région des Andes.
le singe
*~* Un site rituel *~*
Le but des figures était probablement de réaliser une procession de la communauté à l'intérieur du parcours que forme chacune des figures. C'est pour cette raison qu'elles sont d'une taille importante, afin que le parcours soit d'une longueur importante, et qu'une partie importante de la communauté puisse s'y tenir en même temps. Les figures ont également été associées au chamanisme. La théorie du site rituel est accréditée par le fait que les motifs animaux sont les mêmes que ceux qu'on trouve dans le panthéon nazca, par exemple sur les céramiques. On peut noter aussi que la plupart des figures sont constitués d'une seule ligne ne se recoupant jamais.
le perroquet
La plupart de ces figures se trouvent près de sites préhistoriques d’art rupestre qui présentent des images similaires, mais à une plus petite échelle. Les chamans prenaient des substances hallucinogènes qui leur donnaient la sensation de voler. Ce serait la raison pour laquelle les géoglyphes sont faits pour être vus du ciel.
*°*°* Théorie radiesthésiste *°*°*
le trapèze
Des chercheurs de l'Université du Massachusetts ont une toute autre explication : ces lignes, selon eux, servaient de repère pour localiser les sources d'eau potables, rares dans le désert. Elles suivraient des failles sismiques dans lesquelles circulent les eaux souterraines. Le long d'une des lignes, le chercheur David Johnson a trouvé plus d'une douzaine de puits. En creusant davantage, les chercheurs ont constaté dans au moins cinq régions une forte corrélation entre la présence de sources souterraines et les fameuses lignes. Les Nazcas avaient fortement développé l’irrigation pour pallier le manque d’eau chronique dans cette région aride en construisant des puits profonds de plusieurs mètres reliés par un réseau d’aqueducs souterrains. Les figures et lignes serviraient de repères pour retrouver les résurgences et sources alimentant ce réseau.
*°*°* Théorie ufologique *°*°*
l'astronaute
Une théorie ufologique a été largement popularisée par Erich von Däniken en 1968 dans le livre Chariots of the Gods. Les figures de Nazca seraient soit une piste d'atterrissage pour les vaisseaux spatiaux extraterrestres, soit un message réalisé par la population locale qui leur serait destiné. De toutes les hypothèses sur les fonctions de ces tracés, celle-ci remporte le plus de succès de par son côté extraordinaire. Malheureusement, cette hypothèse ne repose que sur une intuition et ne résiste pas à une étude succincte, car s'il s'agit de pistes d'atterrissage, les vaisseaux auraient immanquablement laissé des traces, du fait des caractéristiques géologiques et météorologiques du plateau. Or ce n’est pas le cas. De plus cette théorie ne donne aucune explication cohérente pour les figures d'animaux.
la spirale
Nul ne peut contester le fait que Nazca est un formidable trésor archéologique. Avec peu de moyens, des hommes d'une civilisation datant des premiers siècles avant notre ère réalisèrent des travaux étonnants. Ils eurent la volonté de laisser des traces d'un savoir que nous avons du mal à comprendre de nos jours.
personnages