Une fois n'est pas coutume...
Juste histoire de faire taire certaines vieilles rancoeurs injustifiées qui, malheureusement, sont monnaie courante dans la communauté païenne, je me dois de vous raconter, à chaud (je viens de rentrer), les funérailles religieuses (catholiques) de ma grand-mère paternelle.
J'en vois déjà qui haussent les sourcils, se demandant ce qui se passe, pourquoi tout à coup je viens parler d'un rite chrétien sur ce blog... Eh bien justement, mettez de côté un instant vos à-prioris et vos préjugés, lisez ce qui suit, et lorsque vous arriverez au bout, nous verrons si vous aurez changé d'idée ou pas ;)
L'église n'est pas bien grande, relativement moderne (mais pas non plus un machin qui n'a d'église que le nom, hein... une vraie église) et les croix qui l'ornent sont des croix languedociennes, cathares même (si, vous savez, celles qui ressemblent à s'y méprendre aux croix templières...)
En entrant dans cette petite église, je traverse la nef d'un pas décidé (tout en restant digne quand même, ce sont les funérailles de ma grand-mère...) vers le côté gauche (bin vi, j'ai une petite culture en ce qui concerne l'architecture religieuse catholique et je sais que le côté gauche est celui qui est traditionnellement attribué à Marie... quitte à être dans une église, autant se mettre du côté de la "déesse", n'est-ce pas).
La cérémonie étant un peu retardée pour cause de gros bouchon sur la route, j'ai le temps d'observer le curé, relativement jeune, et de m'interroger sur la dame en vêtements "normaux" qui se tient sur près de l'autel (qui est-elle ? la fleuriste ? sans doute pas puisque la cérémonie est en retard et que tout est prêt)... Puis je remarque, lorsqu'elle passe devant l'autel, qu'elle marque un temps de pause, saluant de la tête... Je suis relativement étonnée mais bon, je ne dis rien.
Les retardataires arrivent enfin, ayant réussi à vaincre le bazar routier, et le cercueil est porté jusque devant l'autel. Les gens s'installent et le service religieux commence... et là, je parviens tout juste à empêcher ma mâchoire de tomber sur ma poitrine, parce que la personne qui se dirige tout d'abord vers le micro pour le début de la cérémonie, ce n'est pas le curé, c'est la dame ! Bon sang, l'église catholique (celle-ci au moins) a vraiment évolué !
La cérémonie qui suit continue à me surprendre car, d'une part, les deux se partagent le rite et d'autre part, le curé explique en mots simples la signification des étapes de la cérémonie, allant jusqu'à faire une allusion aux Cathares, acceptant par quelques phrases le fait que dans l'assistance (réduite) il puisse y avoir différentes croyances, et axant son discours sur le fait que, malgré les croyances diverses, la famille et les amis sont tous là dans un même but : honorer la mémoire et la vie de celle qui est dans le cercueil. Bon évidemment, il y a des moments où il parle de Jésus, du paradis et de vie éternelle, mais globalement, j'ai trouvé que ce texte était relativement neutre, simple et laissant à chacun la possibilité de reconnaître ses propres croyances. Il y a même eu un temps de prière en silence, ce que j'ai trouvé particulièrement plaisant et où j'ai instinctivement regardé la statue de Marie en adressant une prière silencieuse à la Déesse qui était, pour moi, vraiment présente dans toute cette cérémonie.
Le curé a ensuite expliqué le rite de l'encens et le rite de l'eau (l'encens qui fait la jonction entre la terre et le divin, et l'eau qui, en plus d'être l'eau du baptême, est aussi l'eau de la vie.... je vous assure, c'est lui qui l'a dit!). Anecdote amusante, malgré les circonstances (j'ai eu du mal à ne pas sourire, j'avoue), en déposant l'encens sur le charbon ardent, le curé a eu le plus grand mal à réprimer sa toux (le pauvre, il faut dire qu'il a eu droit à une grosse volute en plein dans le nez, et quand on a déjà testé la première volute d'encens posé sur le charbon ardent, on ne peut que compatir !)
Puis la cérémonie s'est terminée sur le "Notre Père" (prière chrétienne classique, facilement transformable mentalement en "Notre Mère"). Pour finir, une fois que le cercueil a été porté jusqu'au corbillard, et alors que j'étais déjà sortie de l'église, le curé est venu vers moi pour m'adresser ses condoléances. Cela m'a surprise, car en dehors du fait que j'étais au premier rang et donc "famille proche", ce qui aurait pu être une raison, il n'a pas fait de même avec mes cousins... Du coup, mes neurones se sont mis en route à toute vitesse, et je me demande encore si ce curé très "ouvert" n'a pas perçu en partie ce que je suis. Il est vrai que, même si je n'ai pas dit les mots de ce rite comme certains l'ont fait (je respecte mais mes croyances étant autres, je refuse de faire semblant), j'ai réellement prêté attention à (et analysé) tout ce qu'il a dit, et j'y ai trouvé beaucoup de choses intéressantes.